Recrutement de personnes handicapées : Interview « hors champ » de François Adoue

Francois-Adoue

Avant d’être Président de l’Observatoire international des métiers de l’Internet, François Adoue a mené plusieurs carrières qui lui ont permis de développer une réelle expertise dans le domaine de l’insertion professionnelle.

Depuis près de 15 ans, il travaille à l’amélioration de l’adéquation entre les besoins de l’entreprise et les compétences des demandeurs d’emploi, dans le secteur du numérique en premier, puis dans d’autres domaines (santé, emplois verts, batiment…)

Nous l’avons rencontré afin qu’il nous livre sa vision du recrutement des personnes atteintes de handicap, un point de vue pragmatique qui sort des sentiers battus :

Les compétences avant tout

Selon lui, l’approche utilisée en matière d’insertion professionnelle des personnes handicapées est à revoir :

“La loi de 1987 fonctionne selon une logique de quotas. Elle définit donc la relation employeur-candidat sur la base du handicap.”

François Adoue préconise plutôt une approche par compétence : chercher à embaucher une personne compétente pour des fonctions précises, ou un poste précis qui regroupe des compétences variées.

Peu importe le handicap, comme dans tout processus de recrutement, ce qui compte c’est ce que la personne peut apporter à l’entreprise.

Dans la majorité des cas, les personnes handicapées le sont suite à un accident. Elles ont donc commencé leur carrière alors qu’elles n’étaient pas handicapées, en ayant toutes les compétences nécessaires à l’exercice de leur métier. Pourquoi alors les perdraient-elles subitement et systématiquement suite à leur handicap ?

Changer le regard

François Adoue insiste :

“Le handicap ne définit pas l’individu !”

Il s’agit simplement d’une donnée parmi d’autres à prendre en compte lors du recrutement.

La sensibilisation à la problématique du handicap est à faire dans les deux sens :

  • L’entreprise doit considérer le demandeur d’emploi comme une ressource humaine réelle et non plus comme une façon de remplir un quota.
  • Le candidat doit mettre ses compétences au premier plan.

L’autocensure est un des freins à l’embauche. Les demandeurs d’emploi s’interdisent trop souvent de postuler de peur de ne pas y arriver. Il est donc essentiel pour eux de modifier leur propre regard.  

Des incitatifs indispensables

Pour autant, François Adoue ne remet pas en cause la nécessité d’une aide financière aux entreprises. Il est important de maintenir un incitatif pécuniaire pour adapter un poste de travail, accompagner un employé ou pour la formation continue adéquate.

Une vision utopique ?

Le discours tenu par François Adoue n’est pas partagé par tous. Certains pourraient lui reprocher une vision trop idéaliste. Après tout, les préjugés sont fortement ancrés dans notre société. Une simple incitation à l’approche par compétence est-elle suffisante pour combler l’écart entre la situation professionnelle des personnes handicapées et celle des personnes valides ? La “carotte” a du bon, mais le “bâton” reste peut-être encore le meilleur moyen de convaincre une entreprise de faire un pas dans la bonne direction.

Et vous, êtes-vous pour les principes incitatifs ou répressifs? Selon vous, existe-t-il une solution intermédiaire ?  

1 commentaire

  1. Brosset sur 17 janvier 2016 à 18 h 22 min

    Quel dommage que dans l’éducation Nationale la reconnaissance du handicap soit un parcours du combattant ! Aucune adaptation de poste. Alors toute cette campagne de reconnaissance de handicap juste une façade ?

Laissez un commentaire