L’emploi et le handicap : la course à obstacles d’Alexandre

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D’un air décidé, Alexandre Boukhelifa s’approche du stand Abilympics au Salon Emploi-Handicap de Bordeaux. Visiblement intéressé, il nous demande si nous représentons un événement sportif.

Abilympics, ce sont les paralympiques des métiers. Une compétition internationale pendant laquelle des dizaines de participants concourront dans les différentes épreuves pour représenter leur profession.

Cette année, elle aura lieu les 25 et 26 mars prochain au Parc des Expositions de Bordeaux.


“Je demande ça”, nous dit-il, “parce que je suis un ancien athlète de haut niveau. Je faisais de l’athlétisme dans le programme handisport. J’ai dû arrêter suite à une blessure.

Sa spécialité c’est le sprint. Il détient d’ailleurs les records de France sur 60m, 100m et 200m ! Mais dans la vie, Alexandre est plutôt confronté à un marathon.

Depuis 4 ans, il est au chômage. Le discours structuré, intelligent, avenant, il semble pourtant avoir la tête très bien faite.

À première vue, on peut se demander pour quelle raison ce jeune homme de 27 ans peine à trouver un emploi.

Cette raison : il est hémiplégique.

On remarque en effet une légère difficulté de motricité de la main droite. Son sourire en coin que l’on croyait moqueur est en fait la conséquence de son handicap.

Je cherche dans n’importe quel secteur, pourvu qu’on m’embauche !, explique-t-il.

Comment se fait-il qu’un homme ayant toutes ses capacités mentales ait autant de difficultés à trouver un emploi ?

En fait, les entreprises cherchent des gens super qualifiés. Mais les handicapés n’ont souvent pas le niveau d’étude demandé. Ce n’est pas tellement que les centres de formation ne soient pas adaptés. C’est qu’à l’école, on nous oriente toujours vers des formations courtes, genre bac pro.

Dans le cas d’Alexandre, ses enseignants l’ont poussé vers un travail de bureau, en comptabilité. Lui, le sportif, ne se voyait pourtant pas rester immobile toute la journée.

Aucune motivation à évoluer dans ce genre d’environnement de travail, il a vite abandonné.

Une reconversion professionnelle difficile

Depuis, Alexandre tente de trouver sa voie. Un premier essai en cuisine lui a fait prendre conscience de ses limites :

Il faut de la dextérité, c’était pas fait pour moi. Mais au moins, j’ai essayé !

Alexandre a le mental d’un gagnant. Ce n’est malheureusement pas le cas de tous.

J’ai un ami qui est en fauteuil. Il a essayé de trouver un emploi. Il s’est découragé. Maintenant, il reste chez lui et vit des aides. C’est pas facile de trouver la motivation de se confronter au regard des recruteurs.

La difficulté selon lui, c’est que les entreprises cherchent à embaucher des personnes performantes dès les premiers jours. Or, les personnes handicapées ont besoin d’un temps d’adaptation plus long qu’une personne valide.

Il y a un manque de lien entre l’entreprise et la réalité des personnes handicapées. Le mieux, c’est de faire des stages en entreprise, mais c’est pas toujours facile.


Encadré Alexandre

Dans le groupe d’amis d’Alexandre, ils ont tous un parcours similaire. Ensemble depuis l’enfance, ils ont fréquenté les mêmes centres spécialisés. Les seuls personnes valides qu’ils aient côtoyés étaient des enfants en grande difficulté scolaire. Rien pour créer une saine émulation ! La conversation se poursuit, Alexandre déplore également le
manque d’accompagnement.

Il faudrait qu’on puisse être aidé quand on se décourage. Cap Emploi, ils font ce qu’ils peuvent mais ils ne sont pas assez nombreux.

Le fil rouge dans son propos : le manque d’échanges entre valides et handicapés. L’impression que les deux groupes évoluent dans des univers qui ne se rencontrent que très rarement.

La mixité dès le plus jeune âge serait-elle une des solutions ?

Plusieurs avantages :

  • une meilleure valorisation des compétences des personnes handicapées dès l’école,
  • une plus grande aisance pour eux à fonctionner dans un environnement dit « normal »,
  • une banalisation, une dédramatisation du handicap.

La méconnaissance de la réalité des travailleurs handicapés semble être l’un des obstacles majeurs à l’embauche.

L’intégration des élèves en situation de handicap permettrait aux plus jeunes d’avoir un regard différent, une approche moins contractée. Pourrait-on alors envisager plus facilement le handicap comme une caractéristique, simplement ?

Son CV sous le bras, nous laissons Alexandre repartir vers les stands des entreprises, «sans trop d’espoir mais avec détermination.»
Travaillons donc à lui donner cet espoir !

1 commentaire

  1. METAIS Muryel sur 20 janvier 2016 à 20 h 28 min

    Je souhaite apporter mon concours pour ce beau projet

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