Ryadh Sallem : « Être handicapé ne signifie pas être une victime du système »
Notre équipe de tournage a eu le plaisir de rencontrer Ryadh Sallem, homme solaire, engagé et multi-casquettes … Et de ce fait, surbooké ! Néanmoins, c’est littéralement du jour au lendemain qu’il a accepté de répondre à nos questions, toujours très diposé à parler de sa vision très positive de la place de la personne handicapée dans notre société. Et de son soutien au championnat Abilympics !
“La première phase consiste à accepter son handicap”
Né sans mains et sans jambes à cause d’une malformation congénitale, Ryadh quitte sa Tunisie natale pour Paris à l’âge de deux ans, et passe la majeure partie de sa jeunesse dans des structures spécialisées et des hôpitaux.
Il y découvre notamment ce qui va devenir sa première passion : la pratique du sport ; pratique qu’il va pousser à l’extrême en intégrant la ligue nationale handisport en natation (avec un record du monde en quatre nages), puis en basket fauteuil, où il remporte trois titres européens, et enfin en rugby. À son palmarès également, quatre participations aux Jeux paralympiques !
Son crédo : dépasser son handicap jusqu’à le rendre invisible aux yeux des autres. Très important, le regard de l’autre :
“Si l’autre ne te regarde pas, tu n’existes pas.”
Et il a très envie d’exister, Ryadh.
C’est pourquoi très vite, il prend le parti de ne pas se contenter de son allocation handicap, mais de construire lui-même son avenir, conscient que les portes lui seraient difficilement ouvertes sur le marché du travail ordinaire.
Un sportif de haut-niveau doublé d’un entrepreneur et d’un dirigeant d’association
Dans une démarche solidaire, il reprend une entreprise adaptée dans le domaine de la production visuelle. Il y embauche 80 % de personnes handicapées et se présente comme l’un des rares patrons de ce type de structures à présenter lui-même un handicap.
Il soutient également la place des handicapés dans la société française à travers plusieurs associations qu’il dirige. Ses objectifs : sensibiliser les chefs d’entreprises, et soutenir les personnes handicapées soumises à un isolement accru, par exemple dans les hôpitaux ou les prisons, notamment par le biais du sport, vecteur de lien social et de décomplexion physique.
“Tout le monde peut connaître un jour une situation de handicap”
Ryadh juge la formule “personne en situation de handicap” non adaptée à une personne handicapée :
- Une situation de handicap peut être temporaire, due à un évènement particulier dans la vie d’une personne (décès, perte d’emploi, accident), ou être le résultat d’un facteur social ou physique (être une femme enceinte, être d’origine étrangère, etc).
- Un handicap, lui, en revanche, est immuable.
Pour lui, le handicap est une différence parmi d’autres, qui doit être prise comme telle et ne pas être stigmatisante. D’autant qu’il n’est pas possible de placer tous les handicaps sous un terme générique, chacun rencontrant ses problématiques et ayant ses solutions propres.
Les technologies génératrices d’une liberté nouvelle pour les handicapés
Ryadh témoigne de l’aubaine que représentent les progrès technologiques pour les personnes handicapées. L’accès à internet, et à quantité d’applications adaptées ont permis aux personnes handicapées de sortir de l’isolement.
De même que les prothèses, de plus en plus performantes (voir à ce sujet : http://abilympics.events/martin-lansard-aniwaa), améliorent le quotidien.
Cette démocratisation des accès aux nouvelles technologies offre aussi une meilleure cohabitation des deux mondes, ordinaire et handicapé.
Son avis concernant la loi sur l’accessibilité
Favorable à la loi sur l’accessibilité, Ryadh regrette néanmoins la responsabilité départementale. Il estime qu’une prise en charge au niveau national, avec une vraie dynamique solidaire, présentée “comme un défi de civilisation”, aurait permis de créer une véritable culture du handicap et un élan plus intense. Aujourd’hui l’adaptabilité des locaux, du matériel, etc. est vécue souvent comme une charge financière très lourde, et de fait trop peu effective.
Ryadh déplore également l’absence de création de “spécialistes référents handicap” dans les organismes publics comme Pôle emploi ou la CCI, par exemple. Une idée qui semble loin d’être totalement absurde.
Les Abilympics
Les Abilympics mettent en avant des métiers, des compétences, des savoir-faire, des passions, et non un handicap. En cela, ils rejoignent le message porté Ryadh : l’idée de dépasser son handicap.
Son message aux candidats :
Donnez le meilleur de vous même, et faites-nous péter la Marseillaise ! R. Sallem #Abilympics Click To Tweet